Harpagosides, les molécules actives de l'harpagophytum ?    

    


    

    








 
























Harpagosides, les molécules actives de l'harpagophytum

Présentation des harpagosides

Les harpagosides sont les molécules naturelles de la famille des iridoïdes retrouvées dans l'harpagophytum. C'est essentiellement les racines qui en renferment la plus grande proportion. Ces composés de la griffe diable lui confère une protection contre les attaques extérieures. Ils le protègent notamment des différents agents pathogènes et des phytophages. On reconnait leur présence grâce à la saveur amère des tubercules lorsque ceux-ci sont pris en décoction.

Formule des harpagosides

Les harpagosides sont le principe actif de l'harpagophytum. Ces composés confèrent la majorité des bienfaits thérapeutiques à la plante. Parmi ceux-ci, il y a ses actions contre les fièvres et les douleurs [1]. En effet, de nombreuses études ont avancé l'efficacité de ce principe actif lors des troubles digestifs, des pathologies neurodégénératives et même des cancers. Son activité anti-inflammatoire reste, en outre, la plus connue. Elle s'explique essentiellement par la capacité de cette molécule à inhiber l'enzyme chargée des réactions inflammatoires dans l'organisme. Pour ce qui est de son mode d'action, il ne diffère pas des autres iridoïdes. Les molécules n'agissent pas directement sur les cibles une fois ingérées. En fait, elles se transforment en un alcaloïde monoterpénique, aucubinine B. Cette transformation se fait sous l'effet du microbiote intestinal [2].

À part l'harpagophytum, d'autres plantes en contiennent également. Le bouillon blanc (Verbascum thapsus), entre autres, figure parmi celles qui en renferment une quantité non négligeable. Celle-ci est, toutefois, moins importante que celle retrouvée dans la racine de l'harpagophytum.

Bienfaits sur la santé

Un bon nombre de recherches consacrées à l'étude des harpagosides ont permis de mettre en évidence leurs bienfaits thérapeutiques.

Effets sur l'inflammation

Des publications avancent que l'effet anti-inflammatoire de l'harpagophytum provient en grande partie de son principe actif.

Pour déterminer son action lors d'une étude, des scientifiques ont utilisé trois extraits du tubercule sur des rats souffrant de néphrite. Ces extraits différaient sur leur teneur en iridoïdes. Soit respectivement, 2%, 8.9% et 27%. Selon cette expérience, l'extrait le plus efficace contre l'inflammation était celui à 27% [3]. Cela suggère que les harpagosides sont à l'origine d'une bonne partie de la propriété anti-inflammatoire de la griffe du diable.

Des chercheurs ont également étudié cet effet sur des animaux présentant des oedèmes intestinaux provoqués par du carraghénane. Le traitement consistait en l'administration quotidienne des molécules avec des doses différentes pour chaque groupe. On a constaté une inhibition de la progression de la réaction inflammatoire induite par l'additif alimentaire chez tous les groupes. De ce fait, l'efficacité de l'iridoïde est corrélée positivement avec la quantité utilisée [4].

Effets sur l'arthrite et les rhumatismes

Harpagosides et arthrite

Cette molécule de l'harpagophytum s'utilise par ailleurs pour traiter diverses pathologies articulaires comme l'arthrite. Cette affection se caractérise par la survenue d'une réaction inflammatoire au niveau d'une articulation. Elle peut avoir des causes diverses, mais elle s'explique surtout par l'usure des cartilages osseux ou par une infection. Au cours de certains essais cliniques, il a été observé que les harpagosides peuvent atténuer les symptômes de cette pathologie [5]. D'autres concluent sur une nette amélioration de la mobilité de sujets souffrant de rhumatismes [6].

D'autre part, une étude a démontré les effets analgésiques et anti-inflammatoires en cas d'arthrose. Ceci est dû à la capacité d'inhibition des cyclooxygénases. Il s'agit d'enzymes qui, une fois bloquées, semblent favoriser la guérison des arthrites rhumatoïdes [7].

Effets sur les maladies neurodégénératives

Dans certaines études, l'usage des harpagosides s'est révélé bénéfique pour les maladies neurodégénératives.

L'une d'entre-elles conclut sur la potentialité thérapeutique à traiter les déficiences cognitives causées par la démence vasculaire. En effet, à la différence des autres affections neurodégénératives, cette dernière ne dispose pas encore de traitement curatif efficace. Et pour cause, les différents facteurs qui en sont à l'origine peuvent conduire à des troubles, voire des dysfonctionnements dans la fonction cérébrale. Parmi ces facteurs, il y a notamment une occlusion artérielle. Il y a aussi les petits AVC provoquant la lésion des tissus du cerveau. L'administration d'harpagosides sur une longue période chez des rats atteints d'une forme de cette pathologie a permis la restauration de leurs fonctions cérébrales altérées. Tel est le cas pour la mémoire et l'apprentissage. Le traitement n'a toutefois pas eu d'effet protecteur sur les tissus cérébraux [8].

Dans une recherche sur la maladie de Parkinson, il a été constaté que l'iridoïde de l'harpagophytum constitue un remède prometteur. En effet, il semble prévenir la maladie tout en préservant les neurones dopaminergiques de la dégénérescence. De plus, les chercheurs ont constaté une amélioration de la capacité locomotrice, dont l'importance est corrélée positivement avec la quantité administrée [9].

La maladie d'Alzheimer a également fait l'objet de nombreuses études sur l'usage de ce glucoside iridoïde. Une observation a, entre autres, permis de voir son effet thérapeutique sur une neurodégénérescence provoquée chez des rats. Une action neuroprotectrice et une atténuation des déficits comportementaux se sont produites suite au recours à la molécule [10].

Effets sur les néoplasies

Des scientifiques ont aussi évalué l'action antimutagène et anticancéreuse des harpagosides sur des lymphocytes humains en culture. Ils ont exposé les cellules à un type d'hydrocarbure, le 1-nitropyrène, connu pour ses effets cancérigènes. Dans trois cultures différentes, les extraits du composé d'harpagophytum étaient ajoutés avant, pendant et après le traitement au nitropyrène. Il faut souligner ici l'efficacité de l'iridoïde pour inhiber la mutagénicité de l'hydrocarbure uniquement s'il est utilisé avant et pendant l'exposition aux substances toxiques [11].

Utilisation des harpagosides

Synergie avec d'autres molécules actives

Des scientifiques ont comparé la contribution thérapeutique de ces molécules et des extraits entiers d'Harpagophytum. Pour cela, des cultures de cellules humaines ont été traitées avec un produit toxique ayant des effets mutagènes, durant l'expérience. La molécule isolée, d'une part ; des extraits d'H. procumbens d'autre part, ont été introduits avant, pendant et après le traitement.

L'iridoïde n'a permis d'inhiber les effets mutagènes du produit que lorsqu'elle est utilisée avant et surtout pendant l'exposition. Les extraits entiers ont, quant à eux, réduit de manière efficace la génotoxicité dans les trois types de cultures. Les auteurs concluent donc sur l'intervention d'autres composés de la plante avant et après le traitement à la substance nocive [12].

Dosage

Diverses études s'accordent sur le fait que les harpagosides ne présentent des effets thérapeutiques satisfaisants qu'à une dose comprise entre 50-100 mg [12]. Toutefois, cette molécule reste beaucoup moins efficace lorsqu'elle est utilisée seule. D'où l'intérêt de la combiner avec les autres molécules de la plante.

 

Références

[1] Huang TH et al., «L'harpagoside supprime l'expression de l'iNOS et de la COX-2 induite par les lipopolysaccharides par inhibition de l'activation de NF-KB.» Journal of Ethnopharmacology. 2006.

[2] Baghdikian B, et al. «Formation de métabolites azotés à partir des principaux iridoïdes d'Harpagophytum procumbens et de H. zeyheri par des bactéries intestinales humaines.» Planta Med.1999 mars.

[3] Kaszkin M. et al. «La diminution de l'expression de iNOS dans les cellules messangiales de rat par des extraits spéciaux de Harpagophytum procumbens dérive de l'harpagoside.» Phytomed. 2004.

[4] Kyoung S. et al. «Revue systématique sur l'activité anti-inflammatoire de l'harpagoside.» Journal de recherche en biochimie et biologie moléculaire. 2016

[5] Chrubasik S. et al. «Gestion de la douleur avec des médicaments antirhumatismaux aux herbes.» Wien Med Wochenschr. 2002.

[6] Warnock, M. et al. «Efficacité et sécurité des comprimés de Diable Claw chez des patients atteints de rhumatisme.» Phytother Res. 2007 déc.

[7] Huang H. et al. «L'harpagoside supprime les iNOS induits par les lipopolysaccharides.» J Ethnopharmacol 2006.

[8] Chen C. et al. «Harpagoside sauve les troubles de la mémoire. »J. Alzheimer Dis. 2018.

[9] Sun X. et al. «L'harpagoside atténue la neurodégénérescence dopaminergique induite par le MTPT / MPP +.» J Neurochem. 2012.

[10] Li J. et al. «L'harpagoside améliore la bêta-amyloïde.» Neuroscience 2015.

[11] Luigi M. et al. «Potentiel antimutagène de l'harpagoside.» Pharmaco Mag. 2015.

[12] Brien S. et al. «La griffe du diable en tant que traitement de l'arthrose.» J Altern Complément Med. 2006.